dimanche 21 mars 2010

Phnom Penh by night

Un samedi soir à Phnom Penh ça ne s'oublie pas !


DINER

On avait remarqué un resto sur le trottoir au coin de la rue de notre hôtel qui avait l'air d'être assez prisé des jeunes cambodgiens.
Allons-y ! Ce sera l'occasion de se mettre dans le bain.
Menu khmer écrit en khmer, de toutes évidences nous ne sommes pas dans un resto à touristes comme il y en a tant le long du Mékong.
Au menu, et bien, on va prendre comme les autres : BBQ de viandes et légumes. Et de la bière pour nous désaltérer.

Un des serveurs et le valet parking passeront le service à nos côtés pour prendre un petit cours d'anglais. Ils ont une envie, un besoin, d'apprendre et de réussir c'est assez chouette à voir et un bonheur à partager. L'un d'eux sort son petit carnet pour noter le nom de chaque légume...

Il doit faire entre 35 & 40 degrés et le BBQ nous liquéfie littéralement On boit des litres de bière. On recommande 3 fois du BBQ. Les tables autour de nous commencent à s'échauffer.

Les gars dînent entre gars et s'enivrent en buvant de la bière à la paille dans des verres remplis de glaçons.

Des vendeurs de chips à la crevettes et d'oeufs de cailles, de 6 à 10 ans, viennent se faire prendre en photo avec moi. Ils veulent se voir sur l'écran du numérique.

Une vendeuse de crevettes, cafards, cuisses de grenouilles, brochettes de serpent et fourmis aux herbes, passe nous proposer ses friandises.
Je craque ! Faut que je goûte quelque chose ! J'opte pour le snake. C'est joli et plus appétissant que les cafards, et puis, les crevettes et les cuisses de grenouilles je connais !
J'ai mangé mes deux snakes et j'ai bien aimé !!!

Guillaume prend des photos des gars de la table d'à côté. On trinque ! Ils tentent d'en mettre plein la vue avec leur godet de glaçons à la bière mais ça dure pas longtemps ... Il suffit de nous voir boire de la bière à l'occidentale ! Hihihi !!!!


BAR

Interpellée par le reggae qui joue dans un bar, on s'arrête.

Un black nous fait signe de venir boire un verre. Nous ne sommes plus à une bière près et il fait encore très chaud.
Il nous offre une Heineken !
Henry vient des Bahamas. Il joue dans l'équipe de foot de Phnom Penh, et son coach, Monsieur Muscle, est à ses côtés avec sa petite cambodgienne qui ne parle pas un mot d'anglais. Il semble que le sexe leur suffit pour se comprendre.
Henry est assez sympa. Il est marié à une cambodgienne avec laquelle il a un petit Precious. Mais Henry aime toutes les cambodgiennes...

Charming est la cuisinière du bar. Elle est du Nigeria. Dans peu de temps elle n'aura plus de papiers. De toutes les façons elle veut partir d'ici. Elle n'aime pas la chaleur, les conditions de travail et par-dessus tout, la prostitution... Elle voulait savoir comment était la France, m'a expliqué qu'elle voulait aller au Canada mais qu'elle n'avait pas d'argent et qu'elle ne savait pas comment faire pour s'en sortir.
Elle n'a plus de famille au Nigeria, ils sont tous morts. Et elle, elle ne veut pas y retourner.
Et moi, je suis incapable de l'aider, je peux seulement la prendre dans les bras et lui dire de ne jamais tout accepter.


KARAOKÉ

De là nous sommes allés dans le bar next door. Un groupe de jeunes garçons chahutait assis sur les canapés de l'entrée. Sur un autre canapé attendaient des jeunes filles très apprêtées et une femme plus âgée qui s'éloigna en voyant que nous entrions.

Guillaume voulu faire des photos des garçons. Pendant ce temps je m'assis à côté d'une très jeune fille. Il m'était impossible d'entrer en contact avec elle. Elle ne voulait pas me regarder. Notre présence semblait la mettre mal à l'aise.

Nous sommes entrés.
Il y avait de grandes tablées rondes. Beaucoup de jeunes filles autour de ces tables. Autour de l'une d'elles, un vieux blanc enlaçait et tripotait une jeune femme. Il devait être une bonne dizaine à cette table dont deux hommes. En nous approchant de la table, il croisa nos regards mais son obsession perverse lui fit oublier notre présence en un éclair.

Un homme chantait pour animer la salle. Le coeur n'y était pas et sa voix véhiculait une certaine nostalgie, une grande tristesse, une détresse profonde. J'avais le sentiment d'être projetée dans un Lynch asiatique.
Gêné en nous voyant l'observer, il se tut et se balança sur le rythme de la musique. Guillaume prit une photo de lui. A cet instant, il se sentit fier et se mît à fredonner quelques paroles. On le salua. Il nous salua et nous sourit. On traversa la salle pour sortir. A chaque table il y avait des jeunes filles accompagnant des hommes.

Guillaume reprit des photos des garçons de l'entrée. J'avais envie de parler avec une autre des filles assises là à attendre. Cela aurait pu être la petite sœur de la première. Je lui demandais son nom mais elle ne parlait pas anglais. Elle était tout aussi mal à l'aise que la première.
La mère maquerelle qui était revenue pendant notre petit tour s'en alla derrière pour observer. Toutes ces jeunes filles n'étaient pas là pour passer une bonne soirée entre amis et s'amuser, elles étaient là pour amuser et satisfaire la perversité de ces hommes sans âmes ni conscience.


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S-21, le génocide khmer

A la mémoire des Khmers tués dans le génocide.

Attention certaines images peuvent choquer.


13 mars 2010
Cet après-midi, nous sommes allés au Toul Sleng Genocide Museum.








En entrant dans le camp S-21 j'eus le souffle coupé. Les mémoires chargées de ce lieu m'envahissaient. J'avais du mal à respirer normalement.

Avant d'être un camp d'extermination mené de mains de barbares par Pol Pot et sa clique, le camp était un lycée. De cette époque il reste la structure des bâtiments et les potences pour les exercices sportifs.








Nous commençons la visite par les pièces dédiées aux crânes humains, aux affiches, aux dessins, aux ustensiles de tortures et aux photos des disparus.

















































A l'étage on trouve une multitude de témoignages de gens qui ont perdu des êtres chers, d'autres qui s'étaient mis au service de la révolution pensant aider leur famille et se sortir de la misère.





























Puis dans le bâtiment central nous avons vu les cellules de moins d'un mètre de large faites de briques au premier niveau, au second niveau de bois.
Les chaînes sont toujours là ainsi que les caisses en métal qui devaient leurs servir de wc...
Les cellules sont au soleil couchant. Il fait très chaud. Derrières les murs on voit que ça grouille de mulots et d'insectes.
Ce devait être abject.


























































La tension est lourde ici.
Il y a beaucoup de monde, beaucoup de fantômes.
Vous me pensez peut-être un peu dingue dans ce cas nous sommes deux car Guillaume aussi l'a senti. C'est lourd, pesant, habité, ils sont encore là. Ils n'ont pas tous brisé leurs lourdes chaînes.

Dans un autre bâtiment, il y a des photos. Les photos d'identité des détenus.
Des jeunes, des très jeunes enfants et quelques personnes plus âgées.
























































Enfin dans le dernier bâtiment ce sont les salles de tortures.
Nous n'avons pas voulu monter dans les étages pour en voir plus.




























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